Andropause, l’autre tabou de la cinquantaine
Andropause et (péri)ménopause : une période de turbulences partagées
Nous avons décidé de parler de l’andropause ici, parce que ce n’est pas seulement le problème des hommes (ou de certains hommes). De très nombreuses femmes se trouvent confrontées aux bouleversements de la (péri)ménopause aux côtés d’un homme qui est lui-même touché par ses propres changements hormonaux. Pour le couple, c’est un ajustement permanent, une adaptation à des symptômes physiques et psychologiques qui se répondent et se heurtent, fortement générateurs d’incompréhensions, de frustrations et de déceptions.
Chez Ménoscope, nous avons la conviction que mieux on comprend ce qui se passe chez soi et chez l’autre, plus il est facile d’en parler ensemble et de désamorcer beaucoup de situations conflictuelles.
Un terme controversé : que signifie vraiment « andropause » ?
Alors, de quoi parle-t-on exactement ? Le terme d’« andropause » lui-même est controversé. Le dictionnaire médical de l’Académie de médecine le juge « impropre », dérivé, à tort du terme « ménopause » en 1952.
En commun avec la ménopause, l’andropause correspond aux diverses manifestations de la diminution d’une hormone, la testostérone, avec l’avancée en âge. Les premiers symptômes peuvent apparaître à la cinquantaine, et certains hommes ont de véritables bouffées de chaleur.
Et, en matière de ressemblance, c’est à peu près tout. Car, si la ménopause marque l’arrêt complet de la production d’œstrogènes par le corps féminin, chez l’homme en revanche, la testostérone diminue progressivement mais ne disparaît pas. Sur le plan clinique, ensuite, alors que la ménopause est caractérisée par l’arrêt des cycles et des règles, rien d’aussi tangible dans l’andropause.
Le score ADAM, un outil pour identifier les symptômes
L’évaluation objective des symptômes se fait à l’aide du score ADAM (Androgen Deficiency in Aging Men) :
- Éprouvez-vous une baisse du désir sexuel ?
- Éprouvez-vous une baisse d’énergie ?
- Éprouvez-vous une diminution de force et/ou d’endurance ?
- Votre taille a-t-elle diminué ?
- Avez-vous noté une diminution de votre joie de vivre ?
- Êtes-vous triste et/ou maussade ?
- Vos érections sont-elles moins fortes ?
- Avez-vous noté une altération récente de vos capacités ?
- Vous endormez-vous après le dîner ?
- Votre rendement professionnel s’est-il réduit ?
Une réponse positive aux questions 1 et/ou 7, OU une réponse positive à au moins trois questions, témoigne d’un déficit en testostérone.
Bien plus que des troubles sexuels : un impact global
En général, quand on pense « andropause », on pense immédiatement aux problèmes d’érection, voire de libido. Or, on le voit dans ces questions, si la qualité des érections et le désir sexuel sont des facteurs importants, ils sont loin d’être les seuls.
Les spécialistes insistent sur une diminution du désir en général. C’est-à-dire aussi bien le désir de faire du sport que de voir des amis, d’organiser des vacances ou simplement d’aller au restaurant. La question 5 parle de joie de vivre, dont la diminution ou la perte peut être un signe de dépression.
Ainsi, le passage de la cinquantaine suscite souvent des préoccupations liées au fait d’avoir atteint la moitié de sa vie. Dans ce contexte, la baisse de testostérone, qui plonge un certain nombre d’hommes dans un état dépressif, peut les amener à boire davantage d’alcool et à réduire leur activité physique, entraînant (entre autres) une augmentation de la graisse abdominale. Or la graisse, en plus de dégrader l’image de soi, bloque la testostérone. Enfin, l’alcool inhibant aussi la production de testostérone, le cercle vicieux est enclenché.
Les taux de testostérone variant très fortement d’une personne à l’autre, un dosage de cette hormone est difficile à interpréter. L’idéal est de réaliser plusieurs dosages à quelques semaines d’intervalle. Le traitement, une fois le diagnostic établi par un médecin et les contre-indications écartées, est simple : administration de testostérone de synthèse.
Parler de l’andropause : un enjeu pour le couple et la santé
Malheureusement, un obstacle majeur est la réticence à en parler, à évoquer ce malaise, cette « envie de rien », sans parler des difficultés d’ordre sexuel. Peut-être qu’une bonne manière de progresser vers la prise de conscience et la consultation d’un professionnel de santé serait, déjà, d’en discuter au sein du couple.
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