« T’es pas folle, t’as un TDPM »

Image dépression TDPM dans Ménoscope, magazine d'information sur la ménopause

« T’es pas folle, t’as un TDPM »

Ces témoignages sont ceux de femmes qui souffrent de TDPM, le trouble dysphorique prémenstruel. Une instagrammeuse explique en quelques mots : « C’est comme un syndrome prémenstruel, en mille fois pire. »

Reconnu en 2013 dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM, version V), le TDPM est encore si mal connu que l’errance médicale peut durer des années, parfois plus de 20 ans. La Classification internationale des maladies (CIM) le mentionne depuis 2019, contribuant à le faire connaître, mais la communauté médicale reste si peu informée que le site web de l’association TDPM France propose un guide intitulé « Trouver un·e spécialiste qui connaisse le TDPM ». Pour environ 5 % des femmes, la période qui précède les règles est marquée par une dépression intense, parfois suicidaire. Le TDPM se distingue du syndrome prémenstruel (SPM) par la gravité de ses symptômes psychologiques.

  • Les sautes d’humeur sont plus importantes et accompagnées d’une tristesse ou d’une dépression sévère.
  • Irritabilité ou colère importante.
  • Augmentation significative de l’anxiété ou de la tension.
  • Changements physiques :
    • Changement de rythme du sommeil (augmentation ou diminution)
    • Appétit : suralimentation ou fringales
    • Baisse d’énergie
    • Sensibilité ou gonflement des seins
    • Douleurs articulaires ou musculaires

Ces symptômes surviennent de manière répétée durant la phase prémenstruelle du cycle et disparaissent rapidement au début des règles. Ils ont aussi un retentissement négatif sur le travail ou le fonctionnement social.

Il semble que le stress et le fait d’avoir subi des traumatismes tels que négligence ou abus augmentent le risque de souffrir de TDPM.

Selon le site eSanté Mentale Canada, le TDPM est plus probable à l’approche de la ménopause.

Les femmes qui ont accepté de témoigner pour Ménoscope sont unanimes : il est crucial de parler de ce trouble, pour que les professionnels de santé soient plus à même de l’identifier et de le traiter, et pour que les personnes qui en souffrent se sentent – enfin – comprises et aidées. Vingt ans d’errance médicale pour l’une d’entre elles, 10 ans pour une autre…

L’impression de devenir folle, c’est quand on ressent quelque chose et que notre entourage le minimise, l’ignore ou le nie. C’est insupportable, on perd le lien de communication, on se demande si on souffre vraiment, et pourtant la souffrance est bel et bien là.

L’une des raisons de cette méconnaissance est l’apparente similitude entre le TDPM et le trouble bipolaire. Les crises dépressives succèdent à des périodes d’humeur normale ou euphorique.

Le NCMH (centre national britannique de la santé mentale) étudie les différences entre ces deux affections, car le traitement n’est pas le même. Si les antidépresseurs sont l’un des traitements les plus efficaces dans le TDPM, ils sont contre-indiqués dans le trouble bipolaire.

Symptômes communs au TDPM et au trouble bipolaire :

  • Irritabilité
  • Sautes d’humeur
  • Humeur dépressive
  • Anxiété

Le TDPM peut aussi être confondu avec un trouble de la personnalité limite (borderline), et là encore, le NCMH met en garde car les traitements sont différents.

Le moment où les symptômes se manifestent

Trouble bipolaire : périodes distinctes

TDPM : dans la majorité des cycles, pendant la semaine qui précède les règles, s’améliorent dans les premiers jours des règles, puis s’atténuent ou disparaissent complètement dans la semaine qui suit les règles.

Trouble borderline : apparaissent au début de l’âge adulte et se manifestent dans diverses situations.

Le caractère cyclique des symptômes est typique.

Il est recommandé d’enregistrer et de suivre les symptômes sur plusieurs cycles consécutifs pour faciliter le diagnostic de TDPM. Plusieurs applications mobiles existent, certaines vraiment spécifiques au TDPM et d’autres, plus générales, axées sur le cycle menstruel avant ou pendant la périménopause.

Par exemple, l’appli Me v PMDD (malheureusement uniquement disponible en anglais) permet de suivre une quarantaine de symptômes mentaux, émotionnels, physiques et autres au quotidien, avec une précision appréciable.

Et puis, une fois que le diagnostic est posé – ce qui, en soi, apporte une forme de soulagement – on peut commencer à mettre en place des stratégies pour vivre mieux.

Le blog Hormones et Cie dresse une liste des traitements médicaux (pilule contraceptive, antidépresseurs, inhibiteurs de l’activité ovarienne, ovariectomie) et signale une étude en cours sur une nouvelle classe de médicaments, dont les résultats sont prometteurs. À suivre, donc !

En dehors des médicaments, les changements de l’hygiène de vie, l’activité physique, la psychothérapie ont également une efficacité certaine.

Enfin, il y a le système D du quotidien, propre à chaque femme, à chaque couple, à chaque famille :

Ménoscope remercie chaleureusement les femmes qui ont accepté de témoigner pour cet article. Nous apportons notre pierre à l’édifice de la connaissance du TDPM pour que l’errance médicale n’enferme plus les patientes dans cette souffrance.

Retrouvez ici tous les témoignages recueillis par Ménoscope.

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