« J’ai commencé à consulter pour une perte d’audition »

Rencontrer Monique-Marie, c’est voir incarnée la tranquille assurance réputée accompagner la ménopause. Une forme d’indifférence à ce que les gens vont penser, qui résulte d’un recentrage sur soi-même et surtout, sur ses priorités. Souriante et chaleureuse, elle n’hésite pas à refuser fermement ce qui ne lui convient pas.
Elle porte des appareils auditifs discrets qui paraissent compenser parfaitement sa perte d’audition due à l’otospongiose héritée de son père. Il s’agit d’une maladie du métabolisme osseux de l’oreille qui entraîne une surdité progressive par blocage d’un petit os : l’étrier. On parle de « surdité de transmission » car à mesure qu’il se bloque, l’étrier transmet de moins en moins bien les vibrations sonores à l’oreille interne.
Chez Monique-Marie, la perte d’audition a été plutôt brutale, et en partie attribuée – après coup – à la prise d’un traitement substitutif de la ménopause.
En 1984, j’ai fait une grossesse extra-utérine. J’ai dû être opérée, et l’ovaire et la trompe gauche, trop endommagés, ont été retirés.
Vers 1995 (j’avais environ quarante ans), j’ai été soignée pour une salpingite, infection de l’autre trompe. Il a fallu la retirer, mais il restait l’ovaire.
La gynécologue qui me suivait était persuadée que l’ovaire allait cesser de fonctionner, que j’allais donc être ménopausée. Elle m’a prescrit un traitement pour les troubles de la ménopause.
À la question « Avez-vous des bouffées de chaleur ? », j’avais répondu « Oh oui, il fait très chaud ! » (on était en juillet-août). En réalité, je n’en avais pas, je l’ai su beaucoup plus tard quand j’en ai eu de vraies.
Mais j’avais encore des règles. Mon médecin traitant m’a aidée à comprendre que je n’étais pas ménopausée et que ce traitement était inutile. Je l’ai arrêté après l’avoir pris pendant environ un an.
Vers 2000 (j’avais alors 45 ans) j’ai commencé à consulter pour perte d’audition. Mon ORL a souhaité l’avis des grands pontes de Béziers, les spécialistes de l’oreille. C’est là que j’ai appris que de nombreux médicaments sont toxiques pour les oreilles et qu’on m’a donné une liste de recommandations.
J’ai gardé précieusement le document, même si je ne le montre pas systématiquement aux médecins quand ils me prescrivent des médicaments. On n’est jamais assez logique…
L’otospongiose est une maladie héréditaire, mais toutes les personnes atteintes ne deviennent pas sourdes. Beaucoup plus fréquente chez les femmes, l’otospongiose apparaît ou s’aggrave couramment à l’occasion d’une grossesse, ce qui suggère un rôle des hormones. La question du risque associé aux traitements hormonaux (contraceptifs, hormonothérapie substitutive) est toutefois controversée.
Une étude publiée en 2018 dans la revue Menopause s’est intéressée aux 80 000 femmes suivies par la Nurses’ Health Study II de 1991 à 2013. D’après les résultats, les femmes ménopausées prenant un traitement hormonal (œstrogénique ou œstroprogestatif) avaient un plus grand risque de perte auditive. Ce risque était également accru lorsque le traitement était pris plus longtemps.
Mais une autre étude, publiée en 2020 dans Clinical Otolaryngology, a montré que la prise d’un traitement hormonal de substitution atténuait la perte d’audition liée à l’âge.
D’autres travaux de recherche semblent indispensables pour comprendre précisément les effets des traitements hormonaux de la ménopause sur l’audition.
Vous vous posez des questions sur les effets des hormones ? Retrouvez notre page dédiée aux traitements hormonaux pour approfondir le sujet.
Sources :
- Menopause and Postmenopausal Hormone Therapy and Risk of Hearing Loss
- Le traitement hormonal de la ménopause altère l’audition
- Effects of endogenous and exogenous oestrogen exposure on hearing level in postmenopausal women: A cross-sectional study
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