Fuites urinaires : quand la rééducation ne suffit pas
Sacrées fuites urinaires ! À mesure qu’on avance dans la périménopause, elles peuvent survenir lors d’un éternuement, lorsqu’on tousse, qu’on éclate de rire ou pendant une séance de sport. Elles sont embarrassantes, on a tendance à ne pas en parler.
Et l’on se retrouve à prêter une oreille plus attentive aux publicités pour les protections spéciales. Quand une marque de serviettes ou de tampons que l’on connaît bien, à qui l’on fait confiance depuis des années, se met à nous parler de protections tout aussi efficaces pour ces moments gênants (ne pas mettre un nom, surtout), on écoute.
Ce qui est problématique, c’est qu’alors on ne remet pas en question l’hypothèse de départ : il est normal d’avoir des fuites urinaires à partir d’un certain âge.
Alors qu’au contraire, ce n’est pas normal, ni acceptable et il y a beaucoup de choses à faire pour éviter et résoudre les problèmes d’incontinence, avant d’en arriver à « juste » protéger ses vêtements.
Il y a l’entretien sportif du périnée (regardez les exercices en vidéo proposés par une kinésithérapeute).
Il y a la rééducation périnéale (écoutez notre podcast avec une sage-femme).
Et si ces différentes actions ne suffisent pas, il existe un certain nombre d’options chirurgicales.
Nous présentons un aperçu de quelques techniques chirurgicales disponibles, avec leurs indications et contre-indications, leurs avantages et leurs inconvénients.
La bandelette sous-urétrale

Il s’agit d’un ruban de treillis en polypropylène qui sert à relever et soutenir l’urètre, prenant le relais des tissus affaiblis pour éviter les fuites lors d’efforts.
Ces bandelettes sont destinées à résoudre l’incontinence urinaire d’effort lorsque les traitements dits « conservateurs » (c’est-à-dire la rééducation, les exercices physiques ciblés, la nutrition, etc.) ont échoué ou n’ont pas suffi.
Elles ne peuvent pas être utilisées lorsqu’il y a une infection urinaire active, chez les femmes qui ont des problèmes de cicatrisation, ni en cas d’allergie au matériau synthétique. Lorsque les troubles urinaires ont une cause neurologique, la bandelette n’est pas une bonne solution non plus.
Cette méthode peu invasive (insertion par voie vaginale) est souvent réalisée en ambulatoire et son taux de succès est très élevé (70 à 90 %).
Ses inconvénients comprennent un risque d’usure qui peut nécessiter une nouvelle intervention, des douleurs persistantes chez certaines personnes et une possibilité de rétention urinaire après l’intervention.
La chaîne YouTube Urologie fonctionnelle – Anatomie publie une vidéo très claire sur les différents types de bandelettes sous-urétrales.
La colposuspension

La colposuspension consiste à fixer le col de la vessie aux ligaments pubiens par des fils de suture, là encore pour renforcer le soutien de l’urètre.
Elle donne de bons résultats dans l’incontinence urinaire d’effort et peut être utilisée en cas de contre-indication à la bandelette sous-urétrale.
Ses inconvénients sont que l’intervention est plus invasive, nécessitant une anesthésie générale, avec une récupération plus longue. Elle présente aussi un risque de prolapsus (descente d’organes) sur le long terme.
Injection d’agents de comblement
L’injection péri-urétrale d’agents de comblement sert à augmenter le volume de tissu entourant l’urètre, améliorant sa fermeture pendant les efforts.
Ce traitement très peu invasif peut être réalisé sous anesthésie locale et le rétablissement est court. Il est cependant moins efficace que d’autres techniques chirurgicales et ses résultats sont temporaires, c’est-à-dire qu’il peut être nécessaire de répéter les injections.
Ballonnets péri-urétraux

De petits ballons sont mis en place de part et d’autre de l’urètre, au niveau du col de la vessie. Gonflés par un mélange de liquide à base d’eau, ils peuvent être plus ou moins remplis pour moduler la compression de l’urètre.
L’intervention est peu invasive, les ballonnets sont insérés par de petites incisions sur les grandes lèvres.
Sphincter urinaire artificiel

Le sphincter artificiel est une prothèse implantée à l’intérieur du corps. Elle se compose d’une manchette placée autour de l’urètre et du col de la vessie, qui se gonfle et se dégonfle pour fermer la vessie ou laisser l’urine s’écouler.
Un ballon régulateur de pression placé à côté de la vessie sert de réservoir pour le gonflage.
Pour uriner, vous appuyez sur la pompe implantée sous la peau des grandes lèvres. La manchette se dégonfle, le sphincter s’ouvre, l’urine s’écoule. Le dispositif reste ouvert quelques minutes avant de se refermer automatiquement.
L’intervention chirurgicale est plus lourde et la mise en œuvre plus longue : le dispositif n’est mis en marche qu’un mois environ après l’opération d’implantation, pour laisser cicatriser les structures anatomiques.
Pour conclure, nous insistons sur le fait que même si les fuites urinaires sont fréquentes à la ménopause, elles ne sont ni une fatalité ni un aspect inévitable du vieillissement. En plus des traitements conservateurs comme la rééducation périnéale, plusieurs options chirurgicales permettent d’améliorer significativement la qualité de vie des femmes confrontées à l’incontinence urinaire.
Le choix de la méthode chirurgicale dépend de la cause de l’incontinence, de l’état de santé de la patiente et de ses préférences personnelles. Il est également important que chaque femme discute de manière approfondie avec son gynécologue ou son urologue des bénéfices et des risques associés à chaque technique, afin de choisir la solution la plus adaptée à ses besoins.
Enfin, ces solutions chirurgicales devraient être perçues comme des outils pour reprendre le contrôle d’une fonction corporelle essentielle et retrouver une meilleure qualité de vie.
Sources :
- Dossier thématique de l’ANSM sur les bandelettes sous-urétrales et les implants de renfort pelvien
- Vidéo de la chaîne YouTube Urologie fonctionnelle
- Vidéo chirurgicale : Technique de colposuspension cervico-urétrale par voie vaginale avec ancrage vissé pubien des fils de colposuspension
- Revue médicale suisse : Actualité du traitement chirurgical de l’incontinence urinaire d’effort chez la femme
- Association française d’urologie : Cure d’incontinence urinaire de la femme par implantation d’un sphincter urinaire artificiel
- Le sphincter urinaire artificiel dans le traitement de l’incontinence urinaire
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