« Je crois que l’andropause a brisé mon couple »

Martine, 71 ans, a ce regard pétillant qui attire l’attention. Ses cheveux mi-longs, marqués par les restes d’un balayage, racontent une autre époque. Elle sourit en évoquant cette génération de femmes qui assument aujourd’hui leurs cheveux blancs, mais avoue en riant doucement qu’elle n’a pas cette audace.
Cela fait presque quinze ans qu’elle vit seule. Pourtant, il fut un temps où elle était, selon ses propres mots, « infiniment heureuse en couple ». Avec son mari, ils ont élevé trois enfants, voyagé, rénové des maisons. Une vie bien remplie, pleine de complicité et d’amour.
« C’était l’homme de ma vie »
Mais en racontant la fin de leur histoire, Martine baisse légèrement les yeux.
— Nous nous aimions tellement… C’était l’homme de ma vie. Mais cet amour-là ne suffisait plus.
Le vrai tournant est venu vers 55 ans.
— C’est comme si quelque chose s’était brisé en lui. Je croyais à une dépression, mais maintenant, avec tout ce que j’entends sur l’andropause… La fatigue, cette perte d’élan, le désintérêt pour tout… Ça correspond tellement.
« On n’a pas su parler »
Elle marque une pause, réfléchit, puis reprend avec franchise.
— Ce qu’on n’a pas su faire, c’est parler. Trente ans de vie commune, et jamais on n’avait vraiment mis de mots sur nos émotions. Alors, quand les premiers signes sont arrivés, on a fait ce qu’on savait faire : on a évité.
Les « signes », Martine les nomme sans détour.
— La première panne d’érection, ça a été un choc pour lui… et pour moi. Très vite, ça s’est installé comme une habitude. Mais à l’époque, je ne pensais qu’à ce que ça signifiait pour moi : il ne me désirait plus. Moi qui espérais qu’on profite de notre nid vide pour raviver un peu notre sexualité, j’ai vécu ça comme un rejet.
Elle soupire.
— Avec le recul, je me rends compte à quel point j’étais absorbée par mon propre désarroi. Je n’ai pas su voir ce qu’il vivait. Et quand j’essayais d’aborder le sujet, c’était pire. Il se refermait, se mettait en colère.
Martine serre ses mains, visiblement encore émue par ce souvenir.
— J’étais persuadée que notre couple était solide, capable de surmonter n’importe quoi. Mais on ne peut pas avancer dans le silence, avec des reproches qui flottent dans l’air. On s’est éloignés, inexorablement.
Deux ans de souffrance pour décider de partir
Deux ans. C’est le temps qu’il lui a fallu pour prendre une décision douloureuse mais nécessaire.
— J’ai compris que je devais me sauver, moi, au lieu de m’accrocher à un bateau qui coulait.
Aujourd’hui, Martine vit dans un apaisement teinté de mélancolie.
— J’ai perdu l’homme de ma vie, et ça restera une blessure. Mais je garde nos années ensemble comme un trésor. Elles ont été les plus belles de ma vie.
Et puis, avec ce petit rire qui trahit son émotion :
— Enfin, pas de quoi m’attendrir au point de tout recommencer, hein ?
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